Chavanne : sur l'acide isopyromucique
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Thèse de Doctorat d'état es sciences physiques présentée à la Faculté des Sciences
de l'Université de Paris
pour obtenir le grade de Docteur es Sciences Physiques

par

G. Chavanne

Sur l'acide isopyromucique


soutenue le 23 juin 1904

devant la commission d'examen : Haller, président

Moissan, Perrin, examinateurs



CONCLUSION


Les recherches qui précèdent, établissent la nature des propriétés acides de l'acide isopyromucique et permettent de fixer la formule de constitution probable de ce composé.


I. L'étude de son action sur les carbonates, la mesure de sa chaleur de neutralisation et de sa conductibilité électrique, la lenteur de son action intervertissante sur la saccharose l'ont caractérisé comme un acide faible. Ses propriétés acides, beaucoup moins nettes que celles de son isomère l'acide pyromucique, sont cependant plus accentuées que celles des éthers b-cétoniques, des b-dicétones et des phénols à fonction simple.


II. Il doit ce caractère acide à la présence d'un groupement phénolique ou énolique


— C(OH) === CH —

En effet :


Les alcools, même en présence de gaz chlorhydrique, sont sans action sur lui et ses éthers ne peuvent être obtenus qu'en faisant agir les iodures ou les sulfates alcooliques sur ses sels alcalins.


Le perchlorure de phosphore donne, non un chlorure d'acide, mais un composé analogue au phosphate triphénylique.


Les chlorures d'acides organiques fournissent des dérivés acylés complètement neutres qui se comportent exactement dans toutes leurs réactions comme les éthers-sels phénoliques.


Le groupement — C(OH) == CH — doué de propriétés acides, a d'ailleurs plutôt un caractère phénolique qu'un caractère énolique; l'action de la phénylhydrazine et de l'hydroxylamine n'a pas permis, en effet, de déceler la présence d'une forme cétonique tautomère.


III. Il possède une chaîne d'atomes de carbone, fermée par un groupement lactonique.


Le petit nombre d'atomes d'hydrogène contenu dans la molécule conduit, en effet, à supposer que la chaîne d'atomes de carbone contient des liaisons multiples, et, comme les halogènes donnent de préférence des dérivés de substitution, il est naturel d'admettre que la chaîne est fermée.


Outre l'atome d'oxygène, dont je viens de préciser le caractère phénolique, l'acide isopyromucique en possède deux autres ; ils ne peuvent être rapportés ni à une fonction aldéhydique, ni à une fonction cétonique, ainsi que cela résulte du mode d'action de la phénylhydrazine et de l'hydroxylamine ; l'inaction des acides nous oblige à rejeter de même les fonctions oxyde d'éthylène et pyronique. Il ne reste donc à admettre que la fonction lactonique dont l'existence est confirmée par les faits suivants :


1° Décomposition de l'acide isopyromucique par l'eau, avec production d'anhydride carbonique ;


2° Instabilité de ce composé vis-à-vis des alcalis ;


3° Enfin, par le fait important qu'il résulte de la lactone arabonique par la même réaction qui l'a fournie à partir de l'acide mucique, ce qui nous conduit à considérer cette oxylactone ou un de ses isomères stéréochimiques comme un terme intermédiaire de sa formation.


Nous sommes conduit, pour expliquer celle-ci et fixer du même coup sa formule de constitution, à la suite des schémas suivants :

Cette formule correspond bien aux faits :


1° Elle rend compte des propriétés phénoliques


2° Elle nous explique la production de dérivés pyrroliques dans la distillation sèche de l’isopyromucate d'ammonium :


 

3° Elle rend compte de la substitution du brome et du mécanisme ultérieur de l'action de cet halogène en présence de l'eau :

Remarque.— L'impossibilité d'obtenir avec le brome des produits d'addition bromes nous a conduit à rejeter la formule


 

à laquelle nous aurions pu être amené par une légère variante de la discussion.


L'apparition constante du dérivé mucobromique nous a de même imposé la position en a de l'oxhydrile énolique qu'on aurait pu également supposer en b.


Enfin, elle est encore d'accord avec cette observation que l'acide isopyromucique paraît se former à partir des acides bibasiques des sucres en C6 indépendamment de leur configuration, comme à partir de la lactone arabonique en C5. Si cette remarque pouvait être généralisée, il en résulterait une nouvelle différenciation des pentoses et des hexoses, proche parente d'ailleurs de celle qu'on a coutume de tirer de la production du furfurol. La continuation de mes recherches me permettra sans doute d'élucider cette importante question.





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